Récap’ du mois d’octobre

Comme chaque début de mois, le pôle rédaction d’Escrescendo vous présente les sorties musicales du mois précédent. Notre liste n’est pas exhaustive mais contient les projets qui nous ont marqué. Chaque membre du pôle évoque ainsi la sortie musicale de son choix pour vous proposer une certaine variété de style musicaux dans une approche qui lui est propre.

Ce mois-ci, Clara vous parlera de Charlotte, l’album qui pourrait être le dernier de la carrière de Vitaa. Antoine partagera son avis sur le réenregistrement de The Dark Side of the Moon par Roger Waters, l’ancien leader de Pink Floyd, ainsi que sur le dernier album des Rolling Stones, leur premier studio depuis 2016. Orianne et Janelle aborderont Reflets, le projet le plus intime de Grand Corps Malade depuis quelques temps. Enfin, Jade expliquera comment Taylor Swift s’est libérée de son ancien label avec le remake de son plus grand succès 1989 tandis qu’Alice clôturera l’article avec le dernier album de Josman dans lequel ce-dernier nous ouvre la porte de ses sentiments les plus sombres…

Laissez-vous guider dans ce dédale musical et venir découvrir ces 6 albums qui ont animés le mois d’octobre.

Charlotte de Vitta – Par Clara Taupin

Après l’ère dorée de VersuS (2019-2021), son album en collaboration avec Slimane, Vitaa fait enfin son grand retour avec un nouvel album solo : Charlotte. Une création à première vue très intimiste, on redécouvre la chanteuse sous l’angle de « Charlotte », le véritable nom de la chanteuse, et non celui de Vitaa que tout le monde connaît. Une volonté de montrer à son public la face cachée d’elle-même, et « de mettre l’accent sur la personne qui est derrière l’artiste avec ses failles et ses défauts » et de « laisser Charlotte s’exprimer » comme l’expliquait Vitaa elle-même au micro de Vibration. Si cet album semble se profiler comme un retour aux sources pour la chanteuse, celui-ci sera également un point marquant de sa carrière, car il semblerait que la chanteuse ait décidé que cet album serait son dernier en solo, comme elle l’avoue au micro de 20 Minutes. « Cet album, je l’ai écrit et conçu comme si c’était le dernier. Je pense qu’après je vais me consacrer à l’écriture et à la compo pour d’autres. » Une nouvelle étape prometteuse pour l’interprète de Confessions nocturnes.   

Mais alors il donne quoi ce nouvel album ? Avec 14 titres au menu, évoquant des thèmes comme ses amours contrariés, l’infidélité ou encore la séparation, il y avait de quoi combler les fans de la chanteuse, et les oreilles expertes de notre rédaction.  

 Si la sonorité des musiques est très agréable à écouter et donne à la voix de Vitaa toute la douceur et la beauté que l’on lui connaît, l’album est, dans son ensemble, probablement un petit peu trop monotone à mon goût. Un manque certain d’une chanson phare et entrainante, qui pousserait un plus large public à découvrir l’album. Cependant, on peut accorder, sans aucun doute, un crédit à l’aspect sentimental de celui-ci et sa représentation symbolique auprès des fans de la chanteuse qui pourront découvrir les pensées de leur artiste préféré dans des musiques émotives et touchantes. 

  Donc, malgré le fait que sur la longue, l’album peut être un peu redondant, on vous a quand même trouvé des pépites. Voici les 3 que l’on vous recommande !   

  • « Les choses qu’on fait » : musique entrainante qui nous plonge dans la vie mouvementée de l’artiste et les choses que la société nous pousse à faire malgré nous. Associé à ce titre, un clip magnifique mettant en scène la chanteuse dans sa vie d’interprète et de maman. De très belles chorégraphies et costumes, on adore !! 
  • « Tu mens » : titre accusateur, instrumentalité originale. Ça change et rafraichie l’album. On valide !  
  •   « Ça fait mal » : douleur, sur une base de piano simple qui rendrait n’importe qui émotionnel, ça marche à tous les coups…   
The Dark Side of the Moon Redux de Roger Waters – Par Antoine Paroissin

Tout le monde connait l’iconique – que dis-je – le légendaire album de Pink Floyd The Dark Side of the Moon. Troisième album le plus vendu de tous les temps, l’œuvre sortie il y a 50 ans continue d’être omniprésente dans la pop culture, notamment grâce à une pochette plus que reconnaissable et maintes fois détourné, lui permettant d’atteindre la postérité. 

Seulement voilà : Roger Waters, l’un des membres initiaux de Pink Floyd a sorti le 6 octobre une reprise de l’album sans les autres membres. Cela n’est pas étonnant lorsque l’on sait que David Gilmour (guitariste du groupe) et lui se détestent au plus haut point. Mais alors, qu’est-ce que vaut cette version ? 

Roger Waters pond ici une sorte de « director’s cut » qui vient, a première vue, « gommer » presque toute trace des autres membres de la création de l’album initial. Ainsi sont retirés les solos très expressifs de Gilmour, les coups de baguettes magiques de Mason à la batterie ou bien la subtilité des claviers de Wright, mais également toute contribution de tous les musiciens (Dick Parry au saxo, Clare Torry au chant sur « The Great Gig in the Sky ») et ingénieurs du son (le mythique Alan Parson) ayant participés à la construction de l’œuvre en ajoutant leur touche au projet. RW précise que si la musique est épurée des solos de guitares, c’est pour que l’auditeur n’en ressorte que le « cœur et l’âme de l’album musicalement et spirituellement ». Véritable volonté artistique ou mauvaise rancœur à l’égard de Gilmour ? Surement un peu des deux…  

RW, qui a écrit les paroles de tous les morceaux de l’album (et même de Pink Floyd à partir de 1972), avait à cœur de se réapproprier ce qu’il considère comme son œuvre, donnant à cette version un ton beaucoup plus personnel et intime. L’album, allongé de 5 minutes par de nombreuses paroles rajoutées, est à prendre comme un long voyage de 47 minutes au plus profond du cerveau de RW. L’ensemble peut sembler assez monotone et long à cause d’une faible instrumentation et un RW variant vaguement le ton de sa voix. C’est pourquoi les quelques violoncelles présents sont les bienvenus et arrivent à apporter une dimension (parfois trop) dramatique à certains passages.

Cet album a presque une vocation testamentaire. RW a 80 ans et il le sait. Même s’il sait encore chanter (moins aisément qu’avant mais tout de même…) il a pris le soin de ne presque pas le faire. A la place, nous avons le droit à une voix rauque et fatiguée, chuchotée et presque caverneuse quelques fois venue nous conter de terribles choses sur la mort, le temps, la maladie, la guerre et encore la mort. La mort est évoquée/suggérée dans plus de la moitié des morceaux. 

Les thèmes abordés sont les mêmes que sur l’œuvre originale mais explicités et analysés avec « la sagesse d’un octogénaire » selon ses propres dire. 

L’exemple le plus frappant de cette volonté est sans aucun doute « The Great Gig in the Sky ». Le morceau original s’exprimait à travers les instruments et les envolées lyriques de la géniale Clare Torry avec en intro quelques mots sur la mort. Cette nouvelle version prend complètement à contrepied l’ancienne en narrant la correspondance qu’a eu RW avec Kendel, l’assistante du désormais regretté Donald Hall avant et après son décès en 2018. L’expérience du vieil homme vient expliciter et compléter ce que voulait exprimer celle d’il y a 50 ans.

Papi Roger a des choses à nous dire et, à la manière d’un Père Castor sérieux et grave portant un regard critique sur la société, nous les raconte à travers ce projet dont les mots en sont l’essence même. RW qui a toujours été très politisé (lui valant d’être qualifié d’antisémite due à une prise de position très en faveur de la Palestine et donc en défaveur d’Israël) n’hésite pas à faire de même sur ce disque. 

Cela est parfaitement démontré sur « Any Color You Like ». Le morceau, vierge de toute parole sur la version de 1973, est ici agrémenté de messages politiques. Le titre fait ici référence aux couleurs d’un drapeau qui peut donc être entre autres « jaune et bleu » pour l’Ukraine, « noir » pour le mouvement Black Lives Mater ou encore « arc-en-ciel » pour la communauté LGBTQI+.  Les trois morceaux instrumentaux d’il y a 50 ans sont cette fois agrémentés de paroles de manière plutôt réussie.  

Dans « On the Run », le sentiment d’oppression initialement créé par la musique et les sons est cette fois parfaitement retranscrit par des mots. RW nous y raconte son rêve devenant totalement hors de contrôle et qui se transforme en cauchemar grâce un rythme de plus en plus effréné, aussi bien dans la musique que dans le débit de parole qui s’intensifie jusqu’à étouffer l’auditeur.  Tous les morceaux valent le détour et des morceaux comme « Time » sur le temps ou « Brain Damage » sur la maladie mentale gardent la puissance de leur message. 

 Même si je n’ai pu m’empêcher de le faire à quelques reprises, je vous invite fortement à écouter cet album sans le comparer à The Dark Side of the Moon de Pink Floyd. Malgré le fait que les deux soient intrinsèquement liés, The Dark Side of the Moon Redux est un album différent, écrit par un artiste différent (Pink Floyd n’était pas que Roger Waters) dans un contexte différent. Même si l’on peut être frustré à la première écouter de ne pas retrouver la sensibilité donnée par l’orchestration riche de Pink Floyd, cette version apporte une autre approche qui ne doit pas être négligée et qui doit savoir s’apprécier. A trop vouloir retrouver l’album des Pink Floyd, on en oublie d’écouter ce que cette version a à nous proposer et ce qu’elle a à nous proposer est très réussi.  L’album ne va pas faire de l’ombre à celui sorti 50 ans plus tôt mais les deux peuvent tout de même coexister l’un à côté de l’autre. Même s’il peut sembler indigeste par sa forme, le fond n’en reste pas moins puissant et touchant. C’est donc tout naturellement que je vous invite à découvrir The Dark Side of the Moon Redux par curiosité et de redécouvrir The Dark Side of the Moon par plaisir. 

Reflets de Grand Corps Malade – Par Oriane Thomas et Janelle Verrier

« J’ai vu la lumière alors je suis entré », voilà ce que nous avons décidé de faire en découvrant le nouvel et huitième album solo du slameur Grand Corps Malade. Sorti le 20 octobre dernier, l’opus, qui se nomme Reflets, traverse un panel de thématiques très large à la fois intime et universel. Après deux albums collaboratifs, Mesdames, composé de 14 duos, et Éphémère, le mini-album créé avec Ben Mazué et Gaël Faye, Grand Corps malade se recentre sur lui.

Ce dernier album se caractérise par une adaptation de son style original, le slam, visant un plus grand public en laissant place à des mélodies pop ou alors plus douces et acoustiques. Ces évolutions artistiques s’affirment sans oublier le rythme scandé de sa poésie, signature de l’art du slam. La plume et le phrasé de l’artiste sont cette fois au service d’un portrait de la société mais également de son propre quotidien. Il y dépose sa vision du monde actuel à la fois pleine de pessimisme et d’espoir. D’ailleurs, cette dichotomie se reflète, sans jeu de mots, dans l’un des titres de son album “Retiens les rêves”. En effet, Grand Corps Malade dévoile un album très intime en affirmant que ses « chansons les plus personnelles sont celles qui ont l’écho le plus universel« . Par sa transparence, il témoigne d’une importante proximité avec le public : chacun y trouve son reflet de vie, ses sentiments, ses craintes, mais aussi ses espoirs. Le morceau phare, “Reflets”, traite notamment de l’amour, de la vie, et de la création artistique tout comme le morceau “Paroles et Musique”, qui semble faire un tour d’horizon nostalgique de toute la carrière de l’artiste. Dans “2083”, il imagine un futur catastrophique, ravagé par la crise climatique et les conflits. À travers un dialogue avec son futur petit-fils, Grand corps Malade tente de diffuser un message politique à destination des dirigeants et des scientifiques afin d’alerter, à défaut de ces derniers, de l’urgence climatique. Mais ce morceau, comme la majorité de l’album, reste marqué par l’espoir que le monde qu’il décrit ne soit pas celui de notre futur. Un espoir qui se ressent dans le titre “Retiens les rêves”, dédié à ses enfants, comme dans “C’est aujourd’hui que ça se passe”, un cri du cœur exaltant pour passer à l’action. Finalement, dans “La Sagesse”, il avoue avec beaucoup d’humour et d’autodérision, ne plus saisir tous les codes de la jeunesse, conscient d’être un slameur démodé.  

Cette sortie est déjà à l’origine de nombreuses critiques concernant son renouveau artistique, ses paroles et les thèmes abordés. S’il est parfois qualifié de percutant et de “délice” dans la presse, il est aussi considéré par d’autres comme “peu cohérent” et “redondant” ou bien laissant “l’essence du slam” se perdre et “décrivant un futur funèbre”. Nous vous laissons aller l’écouter pour en juger par vous-même. En attendant, nous vous proposons notre propre avis. 

« Si je devais donner la chanson qui m’a le plus marqué, je parlerais de “Retiens les rêves”. Elle est banale, elle parle du quotidien avec plein de mélancolie et de simplicité dans les petits bonheurs en famille, mais elle me touche à chaque fois que je l’écoute. J’aime aussi beaucoup le morceau “C’est aujourd’hui que ça se passe” parce qu’il est motivant. De manière générale, je dirais que ce n’est pas un album que je vais écouter en boucle, mais certaines chansons sont vraiment bouleversantes et interpellent sur l’état de notre société. »

– Janelle

« Pour ma part, j’ai trouvé cet album très touchant, les sujets abordés nous rappellent que la musique est aussi un moyen de diffuser un message, tant sur le plan personnel que politique. Le morceau “Le jour d’après” m’a particulièrement touché : il témoigne de la capacité à faire face aux épreuves et à se relever des blessures, à continuer à vivre malgré les difficultés. »

– Oriane

  Le mot de la fin : Grand Corps Malade réalise, encore une fois, une prouesse musicale : les mots poignants de l’artiste font écho à notre vie de tous les jours, à nos angoisses et nos espoirs. Alors qu’il exprime son impression de décalage par rapport à la jeunesse, il confirme cependant son intemporalité à travers des chansons toujours plus engagées. 

Hackney Diamonds des Rolling Stones – Par Antoine Paroissin

Le rock vieilli, pas eux. 7 ans après leur dernier album studio, les Stones sont de retour avec Hackney Diamonds, un album d’une énergie rafraichissante. Sachant que leur dernier album rempli de compositions originales datait de 2005, cela faisait donc 18 ans qu’on n’avait pas eu autant de morceaux inédits des Rolling Stones et l’attente valait le coup !

Cette fois, on sent qu’ils se sont éclatés en studio et la bande à Jagger a réussi à produire un album étonnement dans l’ère du temps. Ce groupe est légendaire et comme tout groupe légendaire, est indémodable. Hackney Diamonds est dans l’ère du temps et ne ressemble pas à un vieil album d’un vieux groupe ayant mal vieilli (il faut se rappeler que le groupe existe depuis 1962).

La particularité de l’album est la succession de plusieurs artistes de renom venus apporter leur pierre à l’édifice sur plusieurs morceaux. Le casting 5 étoiles de l’album est géré à la perfection et s’accorde à merveille avec le groupe britannique.

Ainsi, on retrouve Paul McCartney qui s’amuse à accompagner le groupe à la basse sur « Bite My Head Off ». Sa présence se fait ressentir pour le plus grand plaisir de nos oreilles qui ne peuvent qu’apprécier une telle collaboration.

Parmi les stars présentes, Elton John vient agrémenter deux chansons de son piano légendaire. Même si sa touche est légère et n’est pas forcément mise en valeur, elle apporte un petit quelque chose en plus aux morceaux « Get Close » et « Live by the Sword ». Un réel bonheur !

Mais le featuring le plus étonnant est sans nul doute celui de Lady Gaga (oui, vous avez bien lu) sur « Sweet Sounds of Heaven » qui fait de longs tours de passe-passe complices avec Mick Jagger tout en montrant sa puissance vocale. La connexion entre les deux passe super bien, Lady Gaga s’affirme en tant que super rockeuse et le pari est plus que réussi ! Sur le même morceau, on retrouve Stevie Wonder au clavier apportant une légère touche funky au tout très agréable.

Avant dernier titre de la tracklist, c’est d’ailleurs celui qui a été choisi pour être le deuxième single promotionnel – le premier étant « Angry » – sortie en amont de l’album et cela se comprend. On sent que c’est celui qui a été le plus travaillé et celui sur lequel tous les musiciens se sont le plus éclatés ! 7 minutes de bonheur musical ou les guitares, le piano, le synthé, les trompettes forment une musique intense voire épique qui clôturerait à merveille un concert. Le tout est surplombé des voix de Mick Jagger et de Lady Gaga qui redoublent de puissance au fur et à mesure que la musique progresse. Les paroles sont au niveau de la performance des musiciens et chanteurs. Ce cocktail est absolument jouissif, oui, ce morceau est excellent.

Toutes ces collaborations peuvent effrayer à première vue. Cependant, pas de panique, les Rolling Stones sont toujours les Rolling Stones. Il est difficile de les séparer de certaines caractéristiques comme les sonorités blues ou bien l’harmonica. Cet album ne fait pas exception à la règle et l’on retrouve le fameux harmonica sur « Dreamy Skies » et « Rolling Stones Blues » tandis que pour le côté blues, je ne crois pas avoir besoin d’expliciter. Ce dernier morceau est d’ailleurs le seul qui n’ait pas été écrit par Mick Jagger et Keith Richards puisqu’il l’a été par le grand bluesman Muddy Waters il y a plus de 70 ans. Sachant que c’est ce morceau qui a donné son nom au groupe, c’est donc une magnifique façon de clôturer l’album et peut-être même leur carrière.

Eh oui, toutes les bonnes choses ont une fin et bien que leur musique soit éternelle, eux en tant qu’humains ne le sont pas. Surement s’en sont-ils rendus compte pendant des sessions d’enregistrement en 2021 lorsque Charlie Watts, le batteur du groupe depuis 1963, est décédé. A 80 ans, les trois derniers membres restants savent que la vie ne dure pas éternellement et pleine d’imprévus. Rendre hommage à la chanson qui est à l’origine de leur nom, de ces décennies de carrière remplies de succès leur permettant de devenir plus que légendaire, est le plus beau cadeau qu’ils aient pu faire à Muddy Waters, à eux-mêmes ainsi qu’à nous.

Même si leur âge d’or est derrière eux, les Stones produisent ici un album décomplexé et rempli d’une énergie folle qui montre qu’ils méritent leur statut de groupe mythique. Après toutes ces décennies d’activité, ils ne sont pas devenus une caricature d’eux même et prennent toujours autant de plaisir à jouer ensemble. Ce n’est pas le meilleur album des Stones mais cela faisait longtemps qu’on n’avait pas entendu un ensemble aussi cohérent et d’une telle qualité dans un de leur projet. Il se laisse très facilement apprécier et vaut largement le coup d’œil rien que pour les différentes collaborations, notamment celle avec Lady Gaga et Stevie Wonder ! Je vous invite fortement à regarder leur performance live absolument géniale. Mike Jagger, malgré son corps marqué par le temps garde sa fougue d’antan tandis que Lady Gaga est tout simplement trop forte et ferai tomber n’importe quel être humain amoureux d’elle.

Merci pour cet album, merci pour votre carrière !

https://www.youtube.com/watch?v=Wt3ISLkIS38

1989 (Taylor’s version) de Taylor Swift – Par Jade Dahirel

Le mois d’octobre a été marqué par la sortie de l’album de Taylor Swift 1989 (Taylor’s version). Il s’agit d’une version réenregistrée de son album légendaire 1989 qui avait sans aucun doute changé la trajectoire de sa carrière, il y a quelques années de cela. Cette nouvelle version est sortie le 27 octobre 2023. Elle était particulièrement attendue, étant le remake de celui qui l’a propulsé sur la scène musicale internationale en 2014, moins en tant que jeune chanteuse country, mais certainement comme une méga star de la pop prête à rivaliser avec les plus grands. 

 L’album compte 21 titres, composé de 16 originaux présents dans la première version et de 5 petits nouveaux que Swift qualifie de « from the vault » ce qui signifie littéralement : des titres sortis du coffre-fort. Sous-entendant que la chanteuse nous laisse apprécier des sons inédits écrits dans le passé, qu’elle avait choisis de ne jamais montrer auparavant.  

1989 (Taylor’s version) est le quatrième album ré-enregistré de Taylor Swift sorti quelques mois après  Speak Now (Taylor’s version)  la même année. Ils succèdent à « Fearless (Taylor’s Version) » et « Red (Taylor’s Version) », republiés en 2021 par la popstar. L’artiste exprime sa hâte sur Twitter pour cette sortie qui est de loin sa préférée parmi les réenregistrements qu’elle a faits jusqu’ici. 

Si Taylor Swift s’attèle à ré-enregistrer ces albums qui ont, pour la plupart, fait sensation auprès du grand public : ce n’est pas par nostalgie mais bien par volonté de récupérer ses droits musicaux perdus au profit de son ancien manager Scooter Braun.  

Pour comprendre l’étendue du conflit entre ces deux personnalités publiques, il faut remonter à l’année 2019. Durant cette période, l’ancienne maison de disques de la chanteuse qu’elle avait quitté l’année précédente fut racheté par Scooter Braun. Cet homme est un mégamanager bien connu dans l’industrie musicale. Cette vente lui a donné les droits de tous les enregistrements des anciennes chansons de Swift. Des morceaux qu’elle a entièrement écrit pour la très grande majorité. Ainsi, l’artiste se retrouve dans l’incapacité de racheter six de ses anciens albums.  

Taylor Swift a longtemps dénoncé les actions de Braun en le qualifiant de manipulateur. Aujourd’hui, elle reprend possession de sa musique en réenregistrant ces albums perdus. 

 La sortie de 1989 (Taylor’s version) met un point d’honneur sur cette action significative de la popstar. L’album original, il y a neuf ans de cela, avait été un succès mondial. 1989 s’était vendu à plus de 10 millions d’exemplaires à travers le monde. Sa version réenregistrée retrouve donc les incontournables tels que « Shake It Off, Style » ou encore « Bad Blood » et « Wildest Dream ». 

 De leur côté, les cinq morceaux de l’ombre se nomment « Slut! », « Say Don’t Go », « Now That We Don’t Talk », « Suburban Legends » et « Is It Over Now? ». Chacun d’entre eux semble avoir une signification particulière pour Taylor Swift, elle explique sur le réseau social Twitter ne pas comprendre pourquoi elle les avait laissés de côté « I can’t believe they were even left behind».  

La chanteuse accorde une attention spéciale à son titre « Slut! » qui était très attendu par les fans, probablement grâce à son nom tape-à-l’œil. Par ce morceau, Taylor Swift récupère avec audace un mot qui lui a trop souvent été adressé, surtout lors de ses premières années en tant que chanteuse. Elle est connue pour ses paroles honnêtes et franches, liées à ses diverses relations amoureuses.  

Dans « Slut! », Swift fait sien ce mot qui l’a poursuivi dans les controverses. Le fait qu’elle parvienne à chanter la perception que le public et les critiques se font d’elle, montre qu’elle reste profondément touchée par l’influence médiatique haineuse qu’elle a pu recevoir. 

  Ce n’est pas la première fois que la chanteuse aborde la couverture médiatique de ses relations personnelles. Ses deux chansons les plus populaires de l’album original de 1989 poursuivent le même but. Dans le morceau « Shake It Off », elle chantait : « I go on too many dates, but I can’t make them stay ; at least that’s what people say / Je vais à trop de rendez-vous, mais je ne sais pas les faire rester ; du moins c’est ce que disent les gens ». Tout comme dans « Blank Space », elle écrit : « Got a long list of ex-lovers, they’ll tell you I’m insane / J’ai une longue liste d’ex-amants, ils vous diront que je suis folle ».  

Par conséquent, le morceau « Slut! » traduit ses pensées durant cette période de sa vie où elle a connu l’acharnement public. Il montre comment la musique lui a permis d’apaiser ses sentiments négatifs lorsque, quoi qu’elle fasse, ses actions étaient sans cesse perçues comme celles d’une femme qui ne pouvait pas garder un homme. En réalité, comme elle le fait ressentir dans ce titre, elle est une femme qui exprime ses sentiments à travers la chanson, et parfois cela concernait un homme en particulier. Donc si cela fait d’elle une « Slut! » alors ainsi soit-il.  

Les avis sur cette nouvelle sortie de Taylor Swift sont mitigés. Pour certains, le réenregistrement de l’album n’était pas nécessaire, surtout puisque la chanteuse a réenregistré ses chansons pratiquement à l’identique. Néanmoins, pour d’autres, et je partage cet avis, le réenregistrement de 1989 était nécessaire et fait sens. C’est cet album qui a marqué le début de la popstar Taylor Swift telle que nous la voyons aujourd’hui. Prendre à nouveau la main sur sa musique est certainement très important pour la chanteuse, lui permettant d’aller de l’avant et d’avancer dans sa carrière musicale. Il s’agit de clôturer une période de sa vie.

Enfin, l’album original était déjà une véritable réussite, 1989 (Taylor’s version) garde intact la beauté des chansons en ajoutant une dose de fraicheur bien méritée aux titres iconiques ayant marqués une génération.

J.000.$ de Josman – Par Alice Désir

Josman est de retour avec son 7eme album : J.000.$. Le 28 octobre, le jour de son 31e anniversaire, Josman a dévoilé son septième album intitulé J.000.$, composé de 13 morceaux. Le titre de cet album fait référence à deux de ses précédents projets, 000$ sorti en 2017 et JO$ en 2018.

Cet album nous plonge entièrement dans son nouvel univers. La pochette de l’album, qui fait référence à Los Angeles, et les titres des chansons contribuent à instaurer une ambiance style rap américain… C’est précisément cet aspect qui m’a rendu sceptique : je craignais de retrouver les clichés du rappeur superficiel. Cependant, Josman parvient à se détacher de cette superficialité matérielle et à se révéler dans une dimension plus personnelle.

À première vue, l’argent semble être le sujet principal de l’album, mais en réalité, il l’utilise comme point de départ pour aborder toute une gamme d’autres thèmes. Par exemple, il revient fréquemment sur des sujets tels que la solitude et la tristesse, ce qui peut sembler paradoxal pour un artiste suivi par des milliers de fans. Ainsi, cet album va bien au-delà de l’image qu’il pourrait véhiculer, il reflète la prise de conscience des émotions de Josman. On retrouve certes, des sons comme « Apple Pay » qui ne tournent qu’autour de l’argent mais la grande majorité des autres sont nuancés.

Au début de l’album, on a l’impression que Josman nie ses émotions, ne se sentant plus légitime pour se plaindre maintenant qu’il est devenu riche et célèbre. Cependant, au fil de l’album, les sentiments de Josman deviennent de plus en plus présents, comme s’il ne pouvait plus les étouffer. « Ailleurs » et « À feu doux… » semblent marquer une transition dans l’album. Josman cesse d’ignorer ses émotions. Il réalise qu’il n’est pas épanoui et que l’argent n’offre finalement qu’un bonheur superficiel et artificiel. Malgré le confort et la stabilité que lui procure sa nouvelle vie, il comprend qu’il n’a pas réussi à s’adapter à cette réalité luxueuse, comme en témoignent les paroles : « J’ai du mal à m’adapter, je suis dans un mood chelou. »  dans « A feu doux… ».

Ces deux morceaux sont mes préférés, car ils dévoilent une facette plus mélancolique de Josman. Malgré sa réussite, il éprouve de la tristesse, comme si cette peine était profondément ancrée en lui. Il est sensible à la banalité et à la méchanceté du monde qui l’entoure, évoquant des thèmes tels que les violences policières, le changement climatique et même la perte de Luv Resval. Tout cela lui semble absurde : il se sent en décalage avec une société où tout le monde « court après le temps. »

Selon moi, cet album confirme le talent de Josman. Il parvient à communiquer subtilement ses émotions à travers des variations de flow, des paroles percutantes et la structure même de l’album. En effet, j’ai réellement apprécié l’album en lui-même : sa construction est réfléchie. De plus, on retrouve des instrus qui apportent une atmosphère de soirée mondaine tout en étant douces, voire parfois mélancoliques.

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