Retour sur la conférence avec Dr. Zaytouni Siham 

Dans le cadre de la Orange Week, qui vise à combattre et sensibiliser autour des violences faites aux femmes, Simone et Amnesty ont accueilli Dr. Zaytouni Siham. 

Gynécologue-obstétricienne à l’hôpital universitaire de Bruxelles, elle travaille également à raison d’une demi-journée par semaine à l’antenne universitaire du Planning Familial. 

Aujourd’hui, 1 femme sur 3 est victime d’au moins 1 tentative de viol ou d’agressions sexuelles au cours de sa vie. Mais les violences physiques et sexuelles ne sont malheureusement pas les seules que subissent les femmes et à cela s’ajoutent quotidiennement des remarques sexistes, des discriminations ou encore du harcèlement moral et psychologique.  

Être une femme est plus ou moins dangereux selon le pays où l’on réside, mais également selon le contexte. Lors d’un conflit armé, le viol devient une véritable arme de guerre. En période de confinement, les féminicides et les violences conjugales augmentent considérablement. La COVID-19 a parallèlement fait émerger une véritable pandémie des violences. Enfin, une étude anglaise a mis en lumière la présence de forte augmentation du nombre de plaintes déposés pour violences conjugales lors des périodes de compétition sportive. 

Ainsi, derrière ce constat alarmant, un véritable problème de société se dessine. 

Dr Siham nous le rappelle : les violences faites aux femmes proviennent des inégalités de genres et sont donc le produit de nos sociétés. Alors comment pouvons-nous nous en émanciper et les combattre ? 

Le Planning Familial est un mouvement militant qui s’est inscrit et développé autour de la reprise du pouvoir des femmes sur leur corps et leur sexualité. L’organisation s’est construite au fur et à mesure des victoires. C’est autour de figures féministes comme celle de Margaret Sanger, qui n’est autre que la fondatrice du Planning, que l’organisation s’est construite, mais également autour de nombreux combats pour la cause des femmes, comme ceux pour le droit à l’avortement (1975) ou pour la reconnaissance juridique du viol (1980). 

Aujourd’hui, son rôle est d’assurer l’accessibilité à la contraception, à l’IVG et au dépistage de maladies sexuellement transmissibles, d’informer et sensibiliser autour de la sexualité, mais également de soutenir et d’aider toutes victimes de violences. 

Mais malgré les apports majeurs et nécessaires du Planning dans l’aide, le soutien et l’orientation des victimes de violences vers les dispositifs judiciaires adaptés, cela n’est malheureusement pas suffisant. Il est extrêmement difficile de se détacher de l’emprise d’un ou d’une partenaire violent ou violente, si bien que les membres de l’organisation peuvent se sentir impuissants face à certaines situations.  

De plus, la violence engendre un cercle vicieux, car ses impacts sur les victimes sont permanents et pluridimensionnels.  

Vivre un évènement traumatique génère des séquelles psychologiques, pouvant aller jusqu’à des dissociations. Lorsqu’une victime revit ou parle de ce qu’elle a vécu, cela peut provoquer un stress trop intense, et par mécanisme de défense face à une situation émotionnellement trop forte, le cerveau provoque une dissociation entre le corps et les émotions. L’état dissociatif agit comme une forme « d’anesthésie émotionnelle » face à une situation trop dure à supporter. 

Au-delà des victimes, leur entourage également touché, et plus particulièrement les enfants. La tendance au repli sur soi chez les victimes peut amener à une négligence involontaire de l’enfant, alors qu’une présence parentale disponible et attentive à ses besoins est nécessaire à son développement. De plus, grandir dans un environnement violent, peut engendrer par mimétisme des comportements similaires.  

Un cercle vicieux, où la violence engendre la violence, se dessine alors. 

Si aujourd’hui, certains avance un phénomène de banalisation de la violence, le problème pourrait provenir en réalité des difficultés à identifier de cette dernière, ce qui permettrait une meilleure reconnaissance et donc une meilleure prévention. C’est en tout cas ce pourquoi le Planning se bat, et qu’en plus d’aider les victimes, l’organisation cherche à sensibiliser pour mieux prévenir. 

Finalement, le Planning Familial nous rappelle qu’il est du devoir de toutes et tous de combattre les violences en général, auxquelles les femmes y sont malheureusement trop souvent exposées.  

29/11/2022                                 

Autrice: Pauline

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